Une étrange bague d'or

Dehors tout est sombre et glacial. Tous les Cosaliens épuisés par leurs aventures du jour. Plusieurs d'entre eux reviennent blessés après avoir affronté un Meulou enragé qui attaquait Amakna. Jenova en faisait parti. Elle fut blessée au flanc, toujours sanglant à cette heure avancée de la nuit. Bizarrement, cette douleur ne semble lui apporter aucun plaisir, et un obscure tracas semble miner son âme.
Elle est accoudée à la fenêtre qui est embuée par la respiration de tous ces guerriers entassés à la taverne, l'atmosphère est lourde, un silence de deuil règne dans la salle. Tout en poussant de longs soupirs, elle jouait avec une étrange bague d'or en la faisant glisser entre ses doigts tremblants. Quand soudain elle lui échappa des mains.
L'anneau rebondit sur le sol, malgré les gesticulades de Jenova dans le but de le rattraper. Il se mit à rouler entre les chaises et les tables, poursuivi par la Sacrieur qui semblait incroyablement génée. Quand enfin elle le rattrapa, elle voulu s'assurer que la chutte ne l'avait pas déformé. Pour cela elle sorti un autre bague identique, sous le regard étonné de l'assemblé, voyant Jenova avec deux alliances dans les mains...
Son teint devint écarlate. Elle bafouilla quelques mots incompréhensibles, et s'enfuit à toute vitesse dans l'obscurité du dehors, laissant près de la fenêtre le mot qu'elle avait commencé à écrire...
"Malgré si peu de temps, et tant de différences, un simple regard croisé, et le monde en est changé. L'air plus parfumé, le coeur tout exité, une douce poésie qui se dégage de tout. Un visage parmi tant d'autre, devenu le seul existant. Malgré si peu de temps, je déclare je veux crier au grand jour, que je souhaite être ta femme, toi... "

Quelques heures plus tard, alors que la lune s'élevait haut dans le ciel, tout le monde s'était remis de l'agitation passée et le silence était retombé sur la salle tel une fatalité. Certains, assommés par la boisson, s'étaient même mit à somnoler sur les tables avant d'être réveillés en sursaut par le retour fracassant de Jenova. Ceux qui étaient éveillés ont pu entendre le galop d'une dragodinde fatiguée. Ses pas irréguliers faisaient rouler les graviers du chemin, et un dangereux dérapage sembla la faire trébucher. La cavalière bondit pieds joints devant la porte et l'ouvrit avec vigueur.
Elle fit un pas à l'intérieur et observa l'assemblée. La plus part de ses amis étaient là. Après avoir fait le tour de la salle d'un rapide regard, ses yeux se fixèrent sur la table du fond dont elle s'approcha lentement tout en déclamant d'une voix forte mais tendre...

"J'ai longtemps cru que les étoiles du firmament,
Ne pouvaient se rapprocher de leurs sœurs de beauté,
Que leur majestueuse stature depuis mille ans,
Les condamnait d'une suave immobilité.
J'ai longtemps cru que le cœur palpitant,
Epris d'un amour idyllique,
Ne devait jaillir vers son tendre amant,
Emprisonné dans une prison mystique.

Mais aujourd'hui j'explique ce que je ne peux expliquer,
Car malgré moi j'aime ce que je ne devrais aimer.
Même si les livres et les lèvres n'ont jamais conté,
Une telle surprise, une telle beauté, une telle merveille,
Je ne puis taire cette passion qui en moi est née,
Car après un sombre sommeil enfin de me réveille.

J'ai connu des joies, sourires et rigolades,
J'ai connu des souffrances, tristesses et déchirements,
Mais en ce magique hier par cette douce accolade,
Tu as effacé de mon âme tous ses vieux tourments.
Jamais n'a été aussi comblé mon jeune cœur,
Que par cet instant d'infinie beauté,
Qui n'a été de malheur,
Que par sa trop courte durée.

Je crie aujourd'hui ce qui se joue en moi,
Face aux regards surpris et aux jugements,
Car plus que tout autre c'est de toi,
Que pourraient venir d'ultimes châtiments.
Peu importe l'heure, le jour ou le lieu,
Peu importe l'attente, les épreuves et le doute,
Peu importe même la vie, la mort et les Dieux,
Je sais que toi seule guidera ma route."

Arrivée à hauteur de la fameuse table, Jenova se tut, restant immobile quelques instants. Alors elle sortit d'une poche non loin de son cœur le fameux anneau doré. Elle le déposa lentement et sans un bruit sur la table avant de repartir en direction de la porte, laissant stupéfaite la seule personne à cette table : Nyraa.

Le jeune Evilcloud déambulais dans les couloirs du manoir cosalien. Soudain, quelque chose l'interpella. Une porte en bois était entre-ouverte. Il s'avança et poussa la porte, elle produisit un léger grincement, laissant place à une pièce sombre et poussièreuse.
Il entra dans ce lieu si étrange et une fois ses yeux habitués à l'obscurité il reconnaissa l'ancienne taverne cosalienne maintenant abandonnée. Il passait entre les tables couvertes de crasse et exploré cet endroit chargé d'histoire.
Les fenêtres, couvertes de poussières, laissait filtrer quelques rayons de lumière. Tournant la tête, un reflet éblouissa le jeune sacrieur, il mit alors sa main devant les yeux et chercha la source de cette lumière.
Un objet brillait sur l'une des tables. Evilcloud se rendit jusqu'à la table, l'objet était masqué par les toiles et la poussière comme si il n'avait pas bougé depuis des mois, il saisissa alors l'objet, le posa au creux de sa main et souffla un bon coup. Il decouvrit un petit objet circulaire en or, frottant encore un peu il se rendit compte qu'il s'agissait d'une bague. Il l'examina attentivement et remarqua une petite bosse sur un coin de l'anneau.
Il leva les yeux et les fermèrent en serrant avec force la petite bague dans sa main.
Il rouvrit les yeux et regarda l'anneau qui tremblait entre ses doigts. Il dit alors :
"Cet anneau contient tant d'émotions déchues... Je peux le sentir dans ma chair."
Il baissa les yeux et laissait apparaitre un regard empli de regret. Il fixa à nouveau la bague et murmura :
"c'était pourtant évident........ Je le sais je suis pret aujourd'hui"
Puis il posa délicatement l'anneau dans sa besace et quitta la pièce avec la ferme intention de retrouver sa propriétaire.